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d’ordinaire leurs conversations et qui n’entraînait d’ailleurs aucune conséquence.

Car Günther adorait cette enfant, bien qu’il grognât sans cesse contre elle et qu’il la menaçât à peu près tous les jours de la rouer de coups.

C’était un homme simple, né pour garder toutes les consignes sans les discuter : consigne de soldat et de sujet, consigne de chrétien, de mari et de père, consigne de garde-chasse. Rentré du service après trois réengagements, il avait épousé une délicate petite paysanne qui était morte en lui laissant une fille. A dix-huit ans, cette fille avait été séduite par un ouvrier de passage ; elle avait mis Catherine au monde et s’était éteinte quelques années après, de langueur, de chagrin et parce que Günther lui faisait la vie trop dure. Et Kate avait grandi près de son grand-père, gauchement dirigée par ses rudes mains, le sentant faible au fond, car le vieux se repentait d’avoir été sans pitié pour la mère de Kate, et sa tendresse grondeuse pour sa petite-fille s’augmentait de cet ancien remords.

Pourtant il s’apercevait bien, à certains moments, que Kate lui échappait. Elle était jolie, mais pas tout à fait de la façon qui sied à une