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avait pour tous serviteurs que le garde Günther, un ancien soldat rude et bon homme, et sa petite-fille, Kate, assez belle, mais mal tenue, l’air un peu gouge, avec des yeux de folie. Le vieux garde était seul dans le secret du prince.

Günther entretenait tant bien que mal les trois ou quatre corbeilles de fleurs qui étaient devant le perron, et le potager caché derrière les écuries. Kate balayait les chambres et faisait la cuisine. Frida trouvait que c’était fort bien ainsi.

Elle était ravie de ce retour à la vie rustique. Elle faisait de lentes promenades dans le parc, depuis longtemps négligé, où l’herbe envahissait les allées ; et elle aimait surtout, à l’une des extrémités du domaine, dans une lande de bruyères violettes, un étang assez vaste sur lequel dormaient des fleurs d’eau, et qui, souvent, devenait tout rouge au coucher du soleil.

Au commencement, elle s’aventurait quelquefois dans les bois environnants. C’est là qu’un jour elle s’aperçut qu’elle était suivie par un cavalier qui ressemblait à Otto. Heureusement, elle avait pu, au détour d’une allée, se dérober dans un fourré. Depuis, elle n’était plus sortie de l’enceinte du parc.