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convenables. Hermann était si profondément triste, il était d’ailleurs si fort au-dessus de toute espèce de vanité qu’il pardonna au vieux soldat le sourire satisfait qui relevait un coin de sa grosse moustache.

— Je n’aurai, monseigneur, qu’à continuer ce que Votre Altesse Royale a si bien commencé, dit le général, sans concevoir peut-être toute l’ironie de sa réponse.

L’état de siège fut proclamé. Les jours suivants, il y eut des mouvements de rue, qui furent réprimés avec rigueur, et le sang coula de nouveau. La plupart des grévistes, pressés par la faim, rentrèrent dans les mines et dans les ateliers. La bourgeoisie se rassura. Le parti conservateur revenait à Hermann, le considérait déjà comme un sauveur, tandis qu’il apparaissait aux prolétaires comme le plus odieux et le plus perfide des princes. Honni de ceux qu’il aimait dans son cœur et félicité par ceux qu’il détestait, il endura le supplice d’être publiquement méconnu et de n’y savoir aucun remède.

Audotia Latanief fut seulement condamnée à huit jours de prison. Elle était la vraie cause de l’émeute et du massacre ; mais on n’avait à lui reprocher que l’exhibition du drapeau noir.