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lui viendrait de tenter une seconde épreuve, les classes et les corps publics intéressés à la conservation du passé ne le lui permettraient pas cette fois. D’ailleurs, s’il avait l’esprit assez libre et hardi pour consentir à la révolution et à ses conséquences extrêmes--fût-ce à sa propre déchéance--décidément il n’avait pas le coeur assez fort pour courir le risque et pour soutenir le spectacle des violences et des catastrophes immédiates,--bienfaisantes peut-être, mais à si longue échéance !

Et, enfin, quand même il oserait et quand même on lui permettrait encore d’oser, le peuple, massacré par lui, ne le croirait jamais plus. Tout ce qu’il pouvait faire pour réduire l’inévitable mal actuel, c’était de « sauver l’ordre » ou, si cette besogne lui répugnait trop, de laisser d’autres le sauver, quoi que l’ordre dût coûter à la charité et à la justice.

Ses rêveries mêmes l’accablaient. Il en sentait le vague et l’incohérence ; il souffrait de ne pouvoir les préciser. Puis il était las ; il éprouvait l’insurmontable envie de déposer son fardeau, et de dormir enfin.

Il fit venir le général de Kersten et lui confia le soin d’assurer l’ordre par les moyens qu’il jugerait