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peu sûr que le vieillard se voyait contraint de confier le dépôt de sa royauté. Ah ! le mystérieux et inquiétant dépositaire !

Trouvait-il, du moins, quelque consolation dans son autre fils ? Une brute, ce prince Otto : perdu de vices, criblé de dettes, l’hôte et l’obligé de tous les barons israélites, à Paris la moitié du temps, un prince de boulevard et de restaurants de nuit.

Quant au prince Renaud, le neveu du roi, orphelin dès l’enfance (comme on meurt dans ces vieilles familles royales !) et qui s’était élevé tout seul, qu’attendre de ce fou, de ce bohème, qui ne paraissait pas une fois par an à la cour, qui vivait de pair à compagnon avec des artistes, des poètes et des journalistes et qui affichait publiquement le dédain, ou mieux l’ignorance, de sa naissance et de son rang ?

Et c’était là toute la maison royale ! Car fallait-il compter le fils d’Hermann, le petit prince Wilhelm, un enfant de cinq ans, chétif, névropathe déjà, toujours malade et qui, sans doute, ne vivrait pas ? Pourtant, sa mère était saine et robuste, et son père avait eu une jeunesse chaste. Qu’est-ce donc qu’il expiait, cet innocent ? La folie sanglante de son ancêtre