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pour m’être douce me touche profondément. J’y voudrais répondre, et je ne puis… Pardonnez-moi…

Et comme, timidement, elle faisait le geste de lui passer ses bras autour du cou, il se recula vivement, traversé d’une atroce pensée. Pourquoi avait-elle, précisément à ce moment-là, une heure après la tuerie, ces façons amoureuses, presque provocantes ? Horreur ! Etait-ce donc la récompense de ce qu’il venait de faire qu’elle prétendait lui offrir ? Et ces paroles méchantes lui échappèrent :

— C’est dix ans plus tôt, madame, qu’il eût fallu me parler ainsi. Laissez-moi le temps d’oublier en quelles circonstances votre cœur s’est ouvert et que c’est le jour où ma royauté est devenue sanglante que vous vous êtes avisée de m’aimer.

Wilhelmine se redressa, outrée de l’injustice et frémissante de l’insulte.

— Ainsi, vous irez seul à Loewenbrunn ?

— Oui.

— Pour retrouver votre maîtresse, n’est-ce pas ?

Hermann la regarda des pieds à la tête. Elle ressemblait à une statue de la Tragédie, avec son nez droit, ses sourcils rapprochés, l’arc trop