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livrer, puisque l’autre est loin, et puisque je suis là. »

Elle reprit à voix presque basse, et tremblante un peu, en implorant le prince de ses beaux yeux soumis :

— Ce qu’il me faut, Hermann, c’est ton cœur. Celle qui te parle, ce n’est plus l’archiduchesse, comme tu m’appelles quelquefois, mais c’est ta femme. Ne sens-tu pas enfin que je t’aime ? que, si je t’ai supplié tantôt de ne pas te perdre, c’est qu’en sauvant le prince royal tu sauvais mon mari ? et que, si j’ai été si violente et maladroite, c’est que je craignais… ce que je ne veux pas dire, et que cette pensée me mettait hors de moi ?… Prouve-moi donc que je me suis trompée et, pour cela, permets-moi de te suivre.

Mais, tandis que la princesse parlait, Hermann revoyait distinctement, dans une allée de parc abandonné, celle qu’il aimait et qui n’était pas là. Et les instances de celle qui était là l’exaspéraient, rien n’étant plus insupportable que la tendresse de ce qu’on n’aime pas. Il lui en voulait de son amour même et la trouvait odieuse de le mettre ainsi dans son tort. Il répondit en se contraignant :

— Ma chère Wilhelmine, l’effort que vous faites