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— Je ne m’ennuierai pas, mon cher Hermann, puisque je serai avec vous… J’ai bien réfléchi… Je serai pour vous ce que je n’ai pas su être aux premiers temps de notre mariage. Vous me direz ce qui vous déplaît en moi, et je tâcherai de m’en corriger. Je m’intéresserai à ce qui vous intéresse ; je ne vous froisserai plus, je ne vous contredirai plus ; j’essayerai d’entrer dans vos idées…

— Mes idées ? ricana Hermann. Est-ce que j’en ai encore ?… Non, Wilhelmine, non, encore une fois. Je viens de sauver--et cela a coûté du sang--la chose à laquelle vous tenez le plus au monde : votre pouvoir. Que vous faut-il de plus ?

Wilhelmine s’approcha, se laissa glisser sur le tapis, les deux coudes sur le bras du fauteuil et le menton sur ses deux mains entrelacées, détendue, enfin, dans une pose de caressante imploration féminine. La ride de ses sourcils s’était effacée. Pour la première fois, la princesse n’était plus qu’une femme amoureuse qui veut reprendre son mari. Le moment était bon. Hermann ne venait-il pas de dire qu’il n’avait plus d’idées ? L’amertume de ses réponses prouvait seulement sa souffrance. « C’est cette souffrance, pensait-elle, qui va me le