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— Non, Wilhelmine, laissez-moi. De nous deux, c’est moi qui ai des faiblesses de femme ; je vois que je vous fais pitié, et je ne le veux pas… J’ai besoin d’être seul… Dès que je pourrai, j’irai me réfugier à Loewenbrunn.

— A Loewenbrunn ? demanda Wilhelmine, inquiète.

— Oui. Là seulement, voyez-vous, je m’apaiserai, j’oublierai…

— A Loewenbrunn ? Mais, Hermann, il est impossible que vous songiez à quitter Marbourg en ce moment. Qui vous dit que c’est fini et qu’ils ne recommenceront pas demain ?

— J’attendrai ce qu’il faudra. Soyez sans crainte : j’ai commencé à tuer ; je continuerai, s’il le faut… Mais, selon toute apparence, le peuple a son compte, du moins pour un temps… J’espère donc pouvoir, dans quelques jours, aller à Loewenbrunn auprès de mon père.

— J’irai avec vous, Hermann.

— Non, Wilhelmine, je vous en prie. Ce qu’il me faut, c’est la plus profonde solitude. Je vivrai là en ermite, en sauvage ; je ne veux ni cour ni étiquette, rien de ce qui vous est nécessaire à vous. Vous vous ennuieriez trop, je vous assure.