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elle n’obéit qu’à des raisons supérieures et désintéressées… Après la juste répression, le devoir d’universelle protection royale doit avoir son tour. »

C’est alors qu’elle s’était levée et qu’elle était allée donner l’ordre de secourir les familles des victimes. Elle se disait qu’Hermann lui en saurait gré.

Mais, lorsqu’elle lui apprit ce qu’elle venait de faire, il ne la remercia même pas. Jeté en travers de son fauteuil, les mains tombantes, il tourna vers sa femme un visage défait où perlaient des gouttes de sueur :

— Eh bien ! vous êtes contente ?

Elle se raidit dans sa résolution d’être douce et suppliante, en sorte que son attitude restait hautaine et ses sourcils froncés, tandis que ses lèvres s’essayaient à la tendresse des prières :

— Ne me dites plus de paroles dures, Hermann. Je sais combien le devoir que vous avez accompli vous a été douloureux et j’en ai, comme vous, le coeur brisé… Et c’est pour cela que je viens à vous, afin que, dans cette épreuve, vous sentiez auprès de vous quelqu’un qui vous aime. Je voudrais vous être bonne à quelque chose, vous consoler, vous réconforter un peu…