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Wilhelmine était sortie quelques instants auparavant, sans rien dire.

Hermann rentra dans son cabinet, suivi de son maigre et long cousin. Il s’affaissa dans un fauteuil.

— Comprends-tu, maintenant, que je m’en aille ? dit Renaud de sa voix unie et calme. J’ai vu hier le roi. Je lui ai dit adieu. Il m’a à peine reconnu ; et je crois qu’il n’en a plus pour longtemps. Pauvre oncle ! Il n’a jamais été bien tendre pour moi : les affections naturelles n’étaient pas son fort. Mais peut-être valait-il mieux que nous, car il croyait à quelque chose, lui, et il a joliment joué son rôle, et avec une rude conviction ! Et ce qui te fait en ce moment pâlir d’angoisse lui eût paru la chose la plus simple du monde… Mais écoute. Bientôt, dans quelques semaines, tu recevras des pièces, très exactement authentiquées, qui établiront que j’ai fait naufrage ou que j’ai été tué par accident dans une chasse, enfin, que je suis mort. Ce ne sera pas vrai. Je te le dis, parce que, toi, je ne veux pas te tromper. Tu répandras officiellement la nouvelle de ma mort. Alors, enfin, je serai vraiment libre… Promets-le-moi.

— Oui, dit Hermann.