Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/217

Cette page n’a pas encore été corrigée

bouillonnement. Hermann devina que des corps devaient être foulés aux pieds. Fidèles à leur consigne, les cavaliers ne dégainaient pas. Mais des enragés les tiraient par les bottes ; d’autres se suspendaient aux naseaux des chevaux… Et tout à coup, sans que Hermann vît comment, la foule se trouva reformée derrière l’escadron… Les cuirassiers des derniers rangs firent volte-face. On leur jetait des pierres. Des visages furent meurtris et déchirés et, sous plus d’un casque, le sang coula. Quelques-uns se défendaient à coups de fourreau ou avec la crosse de leur carabine. Des chevaux se cabrèrent. Un cavalier fut arraché de sa selle par des mains furieuses et ne reparut plus…

L’officier d’ordonnance était derrière Hermann, au pied de l’escabeau, attendant les ordres.

— Allons ! dit Hermann, c’est eux qui l’auront voulu… Les soldats sont du peuple aussi… Que l’on fasse donner l’infanterie et qu’elle tire… après les trois sommations.

— Bien, monseigneur.

Hermann prit sa tête dans ses deux mains :

— Ah ! les brutes ! les brutes ! les brutes ! cria-t-il. Mais pourquoi, mon Dieu ? Pourquoi ?…