Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il se butait à cette question du drapeau noir, étonné, en dépit de la connaissance qu’il croyait avoir des esprits simples, que le peuple, ne comprît pas les subtilités de sa logique, mais sentant que ce dernier scrupule était comme le point idéal qui le séparait, lui, gardien de l’ordre, de la complicité avouée avec l’armée de la révolte.

La clameur continuait, menaçante. Hermann se précipita vers la fenêtre et voulut l’ouvrir :

— Je vais me montrer, je vais leur dire…

Renaud le retint :

— Ils vont te huer, mon cher ami. As-tu une tête de boucher ? As-tu le mufle et le tonnerre de Danton pour haranguer le peuple ?… Mais regarde-nous donc ! Ces fonctions-là ne conviennent pas à notre genre de beauté, mon pauvre Hermann.

— C’est vrai, dit le prince.

Il considérait la foule, de plus en plus serrée et houleuse, et il se raidissait dans sa volonté. Il murmurait : « Je ne dois pas… Non… je ne dois pas. » Mais une détresse pire que la mort lui serrait le cœur :

— Ainsi, tu m’abandonnes, Renaud ? Tu m’abandonnes au moment où je suis le plus malheureux