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une faculté presque inépuisable d’adaptation à toutes les conditions extérieures de la vie sociale… Le désordre ne saurait s’éterniser, parce qu’il ne conviendra jamais qu’à une minorité infime… Enfin, il y aurait toujours bien autant de vertu et d’abnégation dans ce monde-là que dans l’ancien, car le fond de la nature humaine ne change guère, et l’altruisme aussi est dans la nature ; il y est moins, voilà tout… Et quand les mêmes injustices et les mêmes violences renaîtraient sous d’autres formes ? Serait-ce pire que ce que nous voyons ?… Quelle pitié méritons-nous ? Tout homme incapable de s’accommoder de la vie que l’ordre nouveau ferait aux individus, c’est-à-dire tout homme incapable de vivre sinon aux dépens des autres et de se contenter d’un bien-être modeste,--lequel d’ailleurs n’empêche point la véritable noblesse de la vie, qui est uniquement dans la pensée,--peut n’être pas un méchant homme, mais ne mérite cependant pas un intérêt bien vif… C’est le manque de vertu, même moyenne, qui fait que les conservateurs s’opposent si furieusement à toute transformation sociale… C’est aussi ce manque de vertu qui empêchera sans doute la révolution de porter tous ses fruits, et,