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lui-même, ou s’il n’est que la brute violente que vous redoutez. Le bien qui sortira de cette expérience, si elle réussit, vaut, certes, que nous courions quelques risques. Un nouvel état de choses nous fait des devoirs nouveaux, des devoirs plus aventureux, et nous met en demeure d’oser plus qu’autrefois dans la bonté. Il convient aujourd’hui qu’un souverain hasarde beaucoup pour tout sauver…

Le prince, ici, parut hésiter devant sa pensée ; puis, d’un accent de décision un peu fébrile et provocante :

— Et, s’il faut prévoir l’improbable, quand je hasarderais même la couronne future de ce petit enfant…

— N’achevez pas, Hermann ! Ce n’est pas vous, non, ce n’est pas vous qui parlez ainsi… Ce que je refusais de croire serait donc vrai ?… Osez dire que cette folie vous vient de vous seul, que vous ne subissez aucune influence et qu’il n’y a entre vous et moi que vos propres pensées !

— Qu’entendez-vous par là ? dit Hermann d’une voix cassante. Eh ! madame, si je me trompe, laissez-moi du moins la responsabilité de mon erreur ! Je suis assez fort pour la porter tout seul. Si j’étais homme à subir une volonté