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donc votre pouvoir, dans l’intérêt même de votre rêve, car ce que vous rêvez, ce n’est assurément pas la foule aveugle et stupide qui saura le réaliser.

— Aveugle et stupide ? dit Hermann. C’est en effet ce qu’on répète toujours. Et c’est pour cela que je souhaite que les manifestants restent calmes jusqu’à la fin ; et, pour qu’ils en aient tout le mérite et, par suite, tout le bénéfice, je veux les laisser libres, et cela, jusqu’à la dernière minute où je le pourrai. Les révolutionnaires prétendent, eux, que c’est la répression qui fait l’émeute. Je veux voir si c’est vrai, voilà tout.

— Mais c’est une partie insensée que vous jouez là ! Mais ce que vous exposez ne vous appartient pas à vous seul ! Le pouvoir royal est un patrimoine dont chaque roi n’est que le dépositaire et qu’il doit transmettre intact… Si l’intérêt de la meilleure partie de votre peuple et si votre propre danger vous touchent peu, songez à votre fils ! Ne lui perdez pas sa couronne !

— Nul ne peut dire en ce moment si je la perds ou si je l’assure. Je tente une épreuve. Je veux voir si ce peuple, que j’aime et qui doit le savoir, est capable de m’aider en se contenant