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— Je suis le défenseur des autres aussi, répondit Hermann. Ne suis-je roi que pour monter la garde autour des privilèges et des coffres-forts des satisfaits ? Car on dirait qu’un souverain n’est aujourd’hui qu’un gendarme au service des propriétaires ! Je n’accepte point ce rôle. Vous me sommez d’être roi ? Eh bien, je ramène la royauté à sa fonction primitive, qui est de protéger d’abord les humbles et les petits. Je veux être avec ceux qui pâtissent le plus. Une grande part de ce qu’ils demandent est juste ; j’en suis sûr : j’ai étudié les questions. Vous ne savez pas ce que sont certaines vies de pauvres. Et comment en auriez-vous même une idée ? Vous n’avez jamais vu cela que de si loin ! Moi, je sais ; j’ai tâché de voir ou de me figurer. Et, à cause de cela, je vous le dis, les brutalités mêmes de la populace me font moins horreur que l’injustice hypocrite et la dureté de certains riches et de certains grands seigneurs. Ceux-là, en réalité, me sont plus étrangers, me semblent moins mes frères que les gens du peuple. Aujourd’hui même, savez-vous d’où vient tout le mal ? Il vient de ce que les riches n’ont pas le courage de consentir à être moins riches. Il n’y a, au fond, rien autre chose. C’est là l’obstacle à tout,