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fait connaître leurs voeux, comme c’est leur droit.

— Leur droit ? Ne voyez-vous pas que, quand bien même, par impossible, ils ne commettraient aujourd’hui aucune violence, ce prétendu droit de remontrance publique serait la négation de votre droit à vous, de ce droit royal qui est, en somme, leur meilleure sauvegarde à eux.

— Des mots !… Ils souffrent : je leur laisse la liberté de la plainte.

— Une plainte qui s’exhale par des milliers de bouches et qui se promène par les rues n’est plus une plainte, mais une menace. Ils souffrent ? Eh ! croyez-vous qu’il n’y ait de souffrances que de leur côté ? Il y en a aussi du nôtre. Surtout il y en aurait si vous désertiez votre poste. Pensez à cela ; pensez à tous ceux qui sont derrière vous : à votre noblesse, à votre armée, à tant de braves gens qui se feraient tuer sur un mot de vous et qui, étant à vous, ont mis en vous leur confiance. Tous ceux-là, si l’émeute éclate et ne rencontre, par votre faute, qu’une résistance incertaine et tardive, tous ceux-là, dont vous avez charge, voyez à qui vous les livrez, vous, leur maître et leur défenseur.