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la vitesse des chevaux, et que voilà, je pense, de quoi vous faire réfléchir.

— Enfin, dit le prince, il n’a pas eu de mal ? Sa gouvernante non plus ?… Peut-être madame de Schliefen s’est-elle exagéré les choses.

Il interrogea la gouvernante. Elle était partie le matin pour conduire Wilhelm chez le roi son grand-père. Mais, ayant rencontré des bandes qui se rendaient à la manifestation, la vieille dame, prise de peur, avait donné ordre au cocher de rentrer au palais. Des ouvriers avaient reconnu la livrée de la cour, poussé des cris de menace et lancé des pierres contre la voiture. Et c’était miracle que ni elle ni le petit prince n’eussent été atteints.

— Vous n’aviez, madame, qu’à continuer votre chemin, dit froidement Hermann. Rien de tout cela ne serait arrivé.

Il était persuadé que madame de Schliefen avait rêvé presque tout ce qu’elle racontait. Il l’examinait, redressée dans son busc, l’aspect ridiculement majestueux, provoquante à force de dignité empesée. Il se disait que des gens du peuple avaient pu être agacés rien qu’en voyant cette tête-là (il l’était bien lui !) et, puisque l’enfant était sain et sauf et que tout s’était borné