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comme de me dire des choses désagréables, cela te crée, ce me semble, certains devoirs…

— Eh ! qu’est-ce que cela fait que tu sois mon frère ? Comme si cela signifiait quelque chose chez nous autres ! Nous sommes-nous jamais aimés ? Nous sommes-nous seulement jamais connus ?… Est-ce que je ne sais pas, d’ailleurs, que tu me hais ?

— Moi ?…

A cet instant, un grand bruit, confus s’éleva du dehors. C’étaient sans doute des bandes attardées qui gagnaient le rendez-vous des manifestants. Les deux princes tendaient l’oreille ; les cris devenaient distincts.

— Entends-tu, dit Hermann, ce que crient ces gens-là ?

— Non.

— Ils crient : « Vive le prince Otto ! »

— Tiens, c’est ma foi vrai.

Du moment qu’il n’avait décidément rien à attendre de son frère, Otto reprenait son attitude naturelle, et, dandinant son grand corps, les mains enfoncées dans ses poches :

— Qu’est-ce que j’y peux ?… Ce n’est pas un cri séditieux. Si j’étais l’aîné, et toi le cadet, ils crieraient : « Vive le prince Hermann ! » C’est clair comme le jour.