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son revenu. Mais, même parmi les riches les moins endurcis, qui donc donne la dîme ?… Personne ne fait son devoir. Je voudrais essayer de faire le mien.

Et, s’arrêtant devant Hellborn :

— J’accepte votre démission, monsieur. Je l’attendais, et vous avez raison de me l’offrir. Votre conduite dans la discussion du projet de réformes vous a brouillé avec vos amis de l’ancienne opposition, sans vous ramener tout à fait les conservateurs. Mais vous sentez qu’il vous serait plus facile de vous réconcilier avec ceux-ci et de devenir décidément leur homme en sauvant la société. Je vous permets de leur dire que c’est moi qui n’ai pas voulu que vous la sauviez.

Hellborn, nullement embarrassé, eut un sourire d’homme supérieur.

— Votre Altesse royale exprimait tout à l’heure les plus nobles pensées. Mais, que voulez-vous, monseigneur ? avant de se résoudre à certains sacrifices, on voudrait, du moins, être sûr qu’ils seront efficaces… Votre Altesse me permet de parler librement ?… Si peut-être nous hésitons, nous, les privilégiés,--les bourgeois, comme vous dites,--à sacrifier nos privilèges, vous-même, monseigneur, êtes-vous