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réclamée par ceux qui souffrent et par une partie de ceux qui jouissent. Or, les premiers demandent et espèrent trop. Et, quant aux seconds, ils ne peuvent jamais être complètement sincères. Il y aura toujours, même chez les meilleurs, un abîme entre leurs pensées et leurs actes. Presque tous les théoriciens révolutionnaires appartiennent à la bourgeoisie, quelques-uns à la bourgeoisie riche. Si tous ceux-là conformaient leur conduite à leur doctrine, s’ils vivaient sobrement, s’ils consacraient tout leur superflu au soulagement des misères dont ils font profession de s’indigner, la solution de la question sociale aurait déjà fait un grand pas. Mais non ! Privilégiés, ils continuent à jouir jalousement de leurs privilèges. Nous voyons qu’en tout pays la plupart des leaders de la démocratie sont ou de fort économes bourgeois, ou des hommes de plaisir, qu’ils n’aiment pas le peuple, qu’ils trouvent son abord déplaisant, qu’ils ne l’approchent que les jours de club et dans les périodes d’élections, et qu’ils ne font même pas la charité, sous prétexte que ce n’est pas la charité, mais la réforme des institutions qui amènera l’extinction de la misère. Hypocrisie ! hypocrisie !… Hélas ! ce n’est rien que de donner la dîme de