Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

source trouble, mais unique. Et, enfin, s’ils demandent trop, c’est qu’on leur a donné trop peu. Je suis le roi de tous mes sujets, riches ou pauvres. C’est le droit de remontrance pacifique de ceux-ci à ceux-là que je veux défendre et que je défendrai.

Hermann parlait d’un ton calme, avec des inflexions modestes. Plus il sentait que ces discours devaient paraître étranges dans la bouche d’un prince, plus il s’efforçait d’y mettre l’accent de la plus entière simplicité et de la certitude la plus tranquille.

— Monseigneur, dit Hellborn, j’ai l’honneur de donner ma démission à Votre Altesse royale.

Hermann se leva :

— Soit. C’est étonnant comme j’ai de la peine à garder mes ministres. C’est que je fais des choses trop simples pour eux.

Il se mit à marcher de long en large, la tête baissée, les mains derrière le dos :

— J’ai beaucoup appris dans ces derniers mois. Ce qui rend les iniquités de l’état politique et social difficiles à redresser, c’est que tout le monde, en cette affaire, est à la fois juge et partie… Ce que je dis là n’a rien d’original, n’est-ce pas ? La réparation de ces iniquités est