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Elle avait dit à son mari : « Laissez-moi faire. » Moellnitz la laissa faire jusqu’au bout.

Hellborn devint un des assidus de la maison. Il éprouvait une joie indicible à se frotter à toute la noblesse du royaume. Il appelait le comte « son cher ami ».

Certain soir qu’il parlait de près, de tout près, à la comtesse dans le petit salon où elle se tenait d’ordinaire, il vit, par la glace sans tain, Moellnitz entrer dans le grand salon, le traverser, hésiter un instant et sortir d’un air indifférent.

Il fut persuadé que le comte ne les avait point aperçus. Car, de le soupçonner de complaisance, cela eût été pleinement absurde. Moellnitz était un parfait honnête homme et d’une bravoure éprouvée.

Il est vrai, d’autre part, que le comte de Moellnitz croyait fermement le salut du royaume attaché à la conservation des vieilles institutions et que, pour faire échouer les desseins du prince et de son ministre, il n’était pas de sacrifice auquel il ne fût prêt. Vit-il quelque chose par la glace sans tain ? Ignora-t-il la liaison de sa femme avec Hellborn ou, l’ayant connue, immola-t-il, par un effort héroïque et dont il saigna secrètement, son honneur