Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

profondément scandalisé d’entendre traiter, avec cette légèreté, par ce bourgeois repu, des questions où lui, prince, il mettait toute son âme.

Ainsi, de jour en jour, Hellborn lâchait pied devant l’assemblée, accordait amendements sur amendements, ne laissait presque rien subsister du projet qu’il avait mission de soutenir. Et, cependant, il s’épanouissait de satisfaction dans son nouvel état, menait joyeuse vie, soupait beaucoup, avait pour maîtresse une comédienne « en vue ».

Une vieille histoire, et fort banale.

Ce qui avait commencé la conversion de l’avocat démocrate, c’étaient les poignées de main des couloirs, la bonne grâce et presque la camaraderie des gentilshommes chefs de la droite, qu’il n’aurait jamais crus « si bons garçons ». Toutefois, il avait eu, comme j’ai dit, des débuts énergiques ; le parti conservateur s’était senti perdu, avait craint, s’il résistait, la dissolution de l’Assemblée et l’octroi direct d’une charte par le prince Hermann.

C’est alors qu’Hellborn avait reçu une invitation de la comtesse de Moellnitz, une des femmes les plus élégantes et les plus spirituelles de l’aristocratie de Marbourg.