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Par la force des choses, ces trois corps se composaient presque entièrement de nobles, descendants des anciens seigneurs terriens, de grands industriels et de financiers. Or le prodigieux développement de l’industrie alfanienne avait, en quarante ans, créé une classe ouvrière considérable par le nombre et l’appétit. Et ainsi le peuple se trouvait exclusivement gouverné par des hommes dont les intérêts étaient diamétralement opposés aux siens. Eût-elle eu toutes les vertus (et elle ne les avait pas), cette aristocratie de richesse eût été plus suspecte encore au prolétariat qu’une aristocratie de naissance et lui eût paru plus insupportable. La révolte contre des injustices réelles s’aggravait, chez les ouvriers, de l’appréhension d’injustices indéfiniment possibles et du sentiment de ce qu’il y avait d’essentiellement absurde dans cette organisation politique d’un pays de grande industrie.

Hermann était de l’avis de la classe ouvrière, soutenue ici par toute la petite bourgeoisie et par une partie de la population rurale. Malheureusement, il avait beau être, par définition, un monarque absolu, il ne pouvait, en réalité, gouverner contre les trois corps qui étaient censés à ses ordres, ni changer leur esprit,