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foi à faire oublier son rang, non point, tout d’abord, par un détachement philosophique, mais par scrupule et vanité d’artiste. Car il avait publié des plaquettes et barbouillé des tableaux, des choses d’un esthétisme vague et d’une sensualité ténébreuse, et sa grande terreur, aiguë et perpétuelle, était qu’on ne louât ses œuvres pour le nom de leur auteur plutôt que pour leur mérite. Et cette idée le faisait redoubler, dans ses relations avec les peintres et les littérateurs, de faux laisser-aller et de camaraderie concertée.

A la fin, des goujats en abusèrent. Renaud s’aperçut alors que la plupart de ses « confrères » l’avaient exploité sans pudeur et qu’ils le « blaguaient », lui et ses œuvres, par-dessus le marché. Subitement, il leur ferma sa porte.

Il s’avisa, en même temps, qu’il avait été dupe encore d’une autre façon. Il se désabusa, soit par fatigue et satiété, soit par la constatation du charlatanisme de ceux qui s’y livraient autour de lui, de tous ces jeux d’art et de poésie énigmatiques ; il en sentit le mensonge et la niaiserie. Il eut la révélation de la simplicité un jour que, dans une excursion à l’île de Chypre, il avait cru décent d’emporter