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chemins de fer. Il réapparaissait avec cinquante millions. Il les avait quintuplés, disait-on, dans la banque. Il était démocrate-conservateur, abondant en aumônes, pourvu qu’elles fussent publiques, protecteur « éclairé » et bruyamment généreux des lettres et des arts. Mais, surtout, ce circoncis était dévoré d’amour pour le trône et l’autel. Son rêve suprême était d’être « du monde », et du plus haut et du plus étroit, du monde du « faubourg » ou de ce qui reste du « faubourg ». Et, comme son snobisme confondait volontiers la vie aristocratique avec les conventions des mœurs sportiques et pseudo-élégantes, il était devenu l’homme « correct » par excellence, d’une correction implacable, divertissante par le sérieux qu’il y apportait. Froid, gourmé, sobre de gestes, ultra-anglais de costume et de tenue, il avait, dans la coupe de sa barbe et de ses vêtements et dans l’aspect empesé et mécanique de toute sa personne, la rigidité d’un dessin linéaire.

Bien naturelle, cette marotte d’Issachar. Si la noblesse est morte en France, du moins comme classe politique, elle vit encore, et plus que jamais sans doute, comme caste mondaine. Et la superstition qu’elle inspire aux parvenus