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chrétienne orthodoxe, et fidèle au tsar si elle eût continué à couler ses jours vides dans son domaine de Courlande. Mais c’est aussi pourquoi elle ne comprenait pas que Frida repoussât cette occasion de sortir de la vie médiocre qu’elles menaient et de rentrer « dans leur monde ».

Audotia intervint :

— Acceptez, dit-elle à Frida. Vous le devez, pour votre mère.

Frida se soumit. Elle n’était pas depuis une semaine chez la comtesse de Winden, quand le prince Hermann l’y rencontra.

Un prince royal ! L’héritier présomptif d’une monarchie absolue ! Il ne pouvait inspirer à Frida que des sentiments de défiance et d’aversion. Et pourtant, deux mois plus tard, Frida était en Alfanie, réconciliée avec son grand-oncle, le marquis de Frauenlaub, qui, depuis l’aventure du prince Kariskine, l’avait reniée, elle et sa mère ; madame de Thalberg, installée auprès du vieux gentilhomme (elle devait y mourir peu après, sans autre regret que de n’avoir pas achevé la lecture de son dernier roman), et Frida introduite à la cour, en qualité de demoiselle d’honneur de la princesse Wilhelmine.