Page:Lemaître - Les Rois, 1893, éd2.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

subitement ruiné par un krach et que tout était à recommencer.

… Nice, Monaco, Monte-Carlo… C’est l’époque dont Frida se souvenait avec le plus d’amertume. Elle avait alors seize ans. La comtesse se mit à la montrer, n’ayant plus de ressource que dans le mariage de sa fille. Promenée dans cette société de joie où se mêlent les mondains, les hommes d’argent, les aventuriers et les femmes déclassées, Frida vit de plus près et détesta la sottise et la dureté des gens de plaisir. Elle crut de bonne foi que ce qu’on appelle « le monde », c’était cela. Puis, comme elle était belle et qu’on la soupçonnait pauvre, elle eut à subir des hommages dont elle ne devina pas tout de suite la nature ; elle eut à repousser des offres ignobles de vieux, des assauts de rastaquouères et même, une fois, des tentatives de mains brutales. Et cela la dégoûta pour longtemps de rêver d’amour.

Cependant l’argent allait manquer ; le comte ne donnait plus de ses nouvelles. Frida entraîna sa mère à Paris, refuge des misérables.

Bien qu’il ne leur restât qu’une fort petite somme, elles descendirent dans un _family-hotel_ du quartier des Champs-Elysées. Elles perdaient un mois dans une attente désorientée, à chercher des