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riale, bienfaisante du moins pendant un siècle, sous Auguste, puis sous les Antonins, occupait l’imagination du neveu de Napoléon Ier, lui présentait à la fois son idéal et son apologie. C’est en lisant le second volume de l’Histoire des Romains, où déjà Caïus Gracchus, si sympathique, semble une ébauche de Jules César, qu’il lui prit envie de connaître M. Victor Duruy.

Il le vit, et tout de suite ces deux hommes s’entendirent. M. Duruy ne dissimula point sa grande liberté quant aux choses de la politique. Sous le gouvernement de Juillet, il avait été de l’opposition modérée. En 1848, il n’avait pas cru qu’une république se fondât en plantant des arbres, et, le ministre Carnot ayant voulu le nommer « lecteur du peuple », il avait refusé cette fonction vague et idyllique. Il n’avait jamais été ni tout à fait pour les gouvernements qui s’étaient succédé, ni entièrement contre, étant vraiment un sage et d’un parti fort supérieur à tous les partis, celui de la raison. Il disait lui-même qu’il n’avait jamais crié ni « Vive la République », ni « Vive la Monarchie », ou « Vive le Roi », ni « Vive l’Empereur ». Nullement indifférent pour cela, ou pusillanime. La haine du désordre républicain ne l’avait point jeté dans la réaction ; il avait voté le 10 décembre 1848 pour le général Cavaignac ; et aux plébiscites qui suivirent le coup d’État de décembre 1831, il avait voté non. Il expliqua ces votes à l’Empereur, qui lui assura qu’il les comprenait