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En même temps il suit un cours de dessin à la manufacture et travaille à l’atelier des apprentis. Mais, le voyant souvent le nez dans un livre, un des habitués du samedi dit au père qu’il le fallait pousser. L’enfant entre donc en 1824, avec une demi-bourse, dans une grande institution du quartier, qui devint plus tard le collège Rollin. Il y reste six ans. Au début, il était un des derniers ; à la fin, il obtient le prix d’excellence. M. Duruy disait volontiers de lui-même : « Je suis un bœuf de labour. » Dès l’enfance, il commença de tracer son sillon, qui fut droit et profond, et fertile en moissons dont s’enrichirent les greniers publics.

Il passe son baccalauréat le 27 juillet 1830, première journée des « trois glorieuses », devant un jury qui portait des rubans tricolores à la boutonnière. La nuit, il saute par-dessus les murs de son collège et, s’étant procuré un uniforme et un bonnet à poil, il rejoint la compagnie de la garde nationale dont son père était capitaine. Il eût bien voulu être un héros : mais sa compagnie fut simplement employée à remettre l’ordre dans la prison de Sainte-Pélagie. Après quoi, le jeune garde national s’en va au collège Louis-le-Grand faire ses compositions d’École normale. Il s’était dit : « Professeur ou soldat ! Si je suis refusé à l’École, je m’engage dans l’armée d’Afrique. » Il ne fut point soldat. Deux de ses fils devaient l’être pour lui.

Entré le dernier à l’École normale, il en sortit, en