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sent au désir de l’homme, elle accepte de mourir pour lui. » Cela est bien exagéré. La vie est plus simple, plus plate, moins montée de ton. La femme n’est pas toujours femme avec cette intensité. Elle n’est ni si malade, ni si innocente. L’union que nous raconte Michelet est un phénomène, une « réussite ». On peut toujours discuter si l’état de mariage est ce qui convient le mieux au sage, et s’il ne lui est pas loisible de se faire, dans d’autres conditions, une vie supportable et qui ait pourtant sa dignité et qui ne soit pas inutile aux autres.

Mais le poème de Michelet garde une rare valeur de conseil, d’exhortation éternellement opportune. Il est très bon de dire aux gens d’aujourd’hui, — et de tous les temps, — que la vérité, c’est de se marier jeunes, de n’aimer qu’une femme et de l’aimer toute sa vie. Il est très bon de leur persuader que vivre ainsi, c’est suivre la nature en l’interprétant, et que, par la vertu d’un amour unique et qui dure, l’homme atteint à son maximum de force. « Ou concentre-toi, ou meurs. La concentration des forces vitales suppose avant tout la fixité du foyer. »

Et voici le charme et la saveur du livre, et par où il peut nous reprendre. Ces préceptes, qui excluent l’union libre, le divorce, l’émancipation de la femme, toute théorie un peu aventureuse, et qui impliquent les croyances les plus délibérément spiritualistes ; ces préceptes si sensés d’un historien éclairé par l’expérience des âges, affectent la forme la plus ma-