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vient vraiment son associé, son exquis camarade. Elle surveille et soigne « religieusement » l’alimentation de son mari. Elle lui donne le calme ; elle lui affine et lui « harmonise l’esprit » ; elle lui est une source inépuisable de rajeunissement. Michelet décrit très bien ces souples accommodations de l’âme féminine aux diverses saisons de l’homme, et comment la femme n’est pas seulement, pour son mari, l’épouse, mais aussi, selon les temps, une fille, une sœur, une mère.

Surtout, il a merveilleusement parlé de la maturité et de la vieillesse féminines, avec des pénétrations qui font songer : « Oh ! le grand poète ! » et aussi, ma foi, des aperçus qui feraient presque dire : « Le coquin ! »

Il pose cet axiome qu’ « il n’y a point de vieille femme », et le développe en un chapitre dont le sommaire tout seul est déjà bien joli :

«… Le visage vieillit bien avant le corps. — L’ampleur des formes est favorable à l’expression de la bonté. — Une génération qui n’aimerait que la première jeunesse et ne serait pas policée par le commerce des dames resterait grossière. — Une femme qui aime et qui est bonne peut, à tout âge, donner le bonheur, douer le jeune homme. »

Il vous apparaîtra de nouveau, si vous pesez les mots de cette dernière phrase et si vous en cherchez le commentaire dans le texte du chapitre, que le naturisme de Michelet n’est pas précisément le naturisme de Molière.