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odieux. Au fait, il n’est pas nécessaire d’avoir un vieux fond chrétien pour sentir ainsi : le pauvre Maupassant a été un jour soulevé de dégoût en songeant que les organes de l’« amour » sont aussi ceux des plus viles sécrétions.


Michelet n’a point de ces délicatesses qui sont peut-être perversités. Michelet, prêtre de la bonne Isis, de la sainte Cybèle, croit que ce qui est naturel, universel, inévitable, ne saurait être un sujet de honte non plus que de facéties. Sous les mêmes gestes il distingue avec aisance la volupté du libertinage ; ce sont rites qu’il célèbre avec la conscience d’être en harmonie avec le vaste monde, de collaborer à une œuvre divine.

Et il a raison ; évidemment il a raison… Mais tout de même il y met trop de piété ! Je ne vois pas bien en quoi ce qui est naturel est nécessairement vénérable. C’est une fantaisie de notre esprit de considérer la nature comme « sacrée. » Elle n’est pas sacrée là où elle est absurde, brutale, injuste, meurtrière des faibles, etc. Même d’être incompréhensible, en quoi cela la rend-il sacrée ? Elle ne le devient que par la charité ingénieuse de nos interprétations, par ce que nous lui prêtons de bonté, de vertus et d’intentions humaines. L’acte même de la génération et tout ce qui l’entoure n’a rien de saint en soi. Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf fois sur mille, il est ignoble ou insignifiant. Et je ne vois pas non plus