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ayez pitié de moi et aimez-moi encore si vous pouvez ! » Or, M. de Clèves meurt de cette confession, tout simplement. Le mari de Michelet a plus d’estomac. Il soignera l’âme de la jeune pénitente, la consolera, l’exhortera, la fera changer d’air, et il ne sera ni soupçonneux ni jaloux. Et si ce traitement ne sert à rien, il gardera sa femme, même coupable. « Quoi qu’il advienne, et quand même elle faiblirait, ne quittez jamais la chère femme de votre jeunesse. Si elle a faibli, d’autant plus elle a besoin de vous. Elle est vôtre, quoi qu’elle ait fait. »


Je pressens que, si j’étais femme, tous ces chapitres : la Mouche, Tentation, Médication, me paraîtraient accablants de bonté, de pitié, de miséricorde, et, dans le fond, un peu injurieux. Ils prêtent par trop de faiblesse à la femme, et à l’homme par trop de sublimité. Et l’on sait bien que l’homme n’est pas sublime à ce point, mais on soupçonne aussi que la femme n’est pas, à ce degré, blessée, malade, infirme, irresponsable, incapable de se défendre contre les autres et contre elle-même. Consulté sur le cas à propos duquel Mme de La Fayette montre tant de finesse et Michelet un si bon cœur, Molière n’hésiterait point :

  Oui, je tiens que jamais de semblables propos
  On ne doit d’un mari traverser le repos.

Et c’est cependant un bon « naturiste » que Molière.