Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

rien !… » Et c’est pire encore, lorsque Michelet badine, car ce poète est dépourvu d’esprit à un surprenant degré. « Voici votre sujet, ô Reine !… Il croira monter en grade si vous l’élevez à la dignité de Valet de chambre titré, à la position féodale de Chambellan, grand Domestique, grand Maître de votre maison… fier et honoré, madame, si Votre Majesté accepte ses très humbles services. » Et plus tard, quand la femme veut se faire le secrétaire de son mari : «… Il y a, à son bureau, quelqu’un qui s’est levé à quatre heures et qui a écrit les lettres pressées… Il s’éveille, ne la voit pas, s’inquiète, l’appelle. Et la plume est jetée : M. le secrétaire accourt, humble page, à son lit. » Notez qu’ici le petit page a trente-six ans, qui, il est vrai, « en valent quinze. » Il n’est pas toujours plaisant de voir ce grand lyrique faire ainsi le gamin. Il y a vraiment, dans son empressement autour de l’Idole, trop de petites mines et de frétillements puérils. Son adoration prend toutes les formes, même les plus niaises. Mais elle est profonde et continue.

Or, pour mieux adorer la femme, il s’applique à la voir aussi différente que possible de l’homme.

Il ne proteste même pas, du moins dans ce volume, contre l’éducation que recevaient encore la plupart des jeunes Françaises de son temps. Il aimerait peu la jeune fille anglaise ou américaine, qui a du muscle, qui voyage seule, qui veut, qui décide, qui ose. Il estimerait que l’abus des sports communique aux