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une idée… Les renouvellements du désir sont inépuisables par la fécondité de l’esprit, l’originalité d’idées, l’art de voir et de trouver de nouveaux aspects moraux, enfin l’optique de l’amour. »

L’amour est un exercice de l’intelligence et de la volonté. Tout le livre de Michelet nous le montre tel. Ce livre n’est point une oeuvre d’observation, ou du moins l’observation n’y fournit que des arguments complaisants à l’appui d’une doctrine. C’est le poème de l’amour et c’est un ouvrage d’édification, au sens exact du mot ; un traité d’élargissement, d’affranchissement de l’âme, et de perfectionnement moral par l’amour.


Ce travail dure toute la vie. Voici peut-être la vue la plus originale et la plus féconde du livre de Michelet : « L’Amour n’est pas une crise, un drame en un acte. C’est une succession, souvent longue, de passions fort différentes, qui alimentent la vie et la renouvellent. » Autrement dit, un amour, c’est une vie.

Michelet choisit un couple : une jeune fille de dix-huit ans et un jeune homme de vingt-huit ; il les suppose s’aimant d’un amour égal ; il les isole à peu près (quoi qu’il dise) du monde ambiant ; les suit année par année, jusqu’à la mort, et étudie, aux âges différents, l’action physique et morale de l’homme sur la femme, et inversement : « création de l’objet aimé (c’est-à-dire création de l’épouse par