Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée

cyniques, estimer répugnant de demander à une jeune fille intacte précisément ce qu’on a accoutumé de demander à de tout autres personnes ; on peut très bien, dis-je, rester célibataire toute sa vie par respect des jeunes filles : je parle très sérieusement.

Sainte-Beuve écrit encore à Marceline : «… Ici, du moins, il y a tout ce qui peut adoucir, élever et consoler le souvenir : cette pureté d’ange dont vous parlez, cette perfection morale dès l’âge le plus tendre, cette poésie discrète dont elle vous devait le parfum et dont elle animait modestement toute une vie de règle et de devoir, cette gravité à la fois enfantine et céleste par laquelle elle avertissait tout ce qui l’entourait du but sérieux et supérieur de la vie… » Je suis tenté de croire, — car le même sentiment s’y retrouve, et presque les mêmes expressions, — que l’admirable pièce des Consolations :

 Toujours je la connus pensive et sérieuse…

fut inspirée à Sainte-Beuve par le souvenir de cette charmante Ondine Valmore. (Mais, pour l’affirmer, il faudrait consulter les dates ; et je n’ai point sous la main les poésies de Sainte-Beuve.)

Cette Ondine avait bien de l’esprit et de la grâce, avec, peut-être, une pointe d’affectation. M. Rivière nous donne une de ses lettres. En 1852, mariée, heureuse, semble-t-il (du moins ce jour-là), et guérie de ce que son adolescence avait eu de bizarre et de farouche, elle écrit de Saint-Denis-d’Anjou, où elle était en villégiature, à son frère Hippolyte : « Dans quelques jours, nous serons ensemble, cher frère, et il faut tout le besoin que nous avons de nous voir, pour nous consoler de rentrer dans ce Paris qui nous fait peur. Je n’ose pas penser à cette rue de