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comme il est fait, qu’il faut prétendre être jugé suivant ses vertus et ses fautes… »

J’emprunte ici quelques détails à des fragments de Mémoires : Un projet de mariage de Sainte-Beuve, publiés par la Gazette anecdotique du 31 janvier 1889. (M. Benjamin Rivière devrait nous dire, s’il le sait, quel est l’auteur de ces Mémoires.) Sans être précisément jolie, Ondine était d’une physionomie douce, « avec le regard un peu maladif. » Elle était, comme sa mère, réfractaire à la toilette. « Mme Valmore avait la parole un peu traînante et larmoyante, sa fille avait plus de décision et de netteté dans la repartie ; elle plaisait au premier abord. »

En 1842, je pense (elle avait alors vingt et un ans), Ondine entra comme institutrice dans un pensionnat de demoiselles qui était situé rue de Chaillot. La directrice, Mme Lagut, personne de grand mérite, avait un salon très fréquenté, où Sainte-Beuve, déjà célèbre, était reçu familièrement. Les jeunes maîtresses étaient admises à ces réunions. L’auteur de Joseph Delorme et des Consolations, l’ami de la poésie lakiste et des nuances morales gris-perle, devait se plaire dans ce monde modeste, gracieux avec décence, un peu mélancolique au fond, de jeunes institutrices. C’était une société à souhait pour son âme frôleuse de confesseur laïque. Dans un coin du salon, on jouait au whist ; dans un autre coin, on causait, ou l’on s’amusait au jeu des petits papiers, quiproquos ou bouts-rimés. Sainte-Beuve prenait