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peint orageux et mauvais, est un peuple sublime ! un peuple croyant ! C’est vraiment ici, et seulement ici, qu’une pauvre madone, surmontant un rocher, arrête trente mille lions qui ont faim, froid, et haine dans le coeur… et ils chantent comme des enfants soumis. C’est là le miracle… Moi, je deviendrai folle ou sainte dans cette ville… Mélanie, on n’ose plus manger, ni avoir chaud, contre de telles infortunes… » Et ailleurs : « Quel spectacle depuis deux mois ! Je n’ai plus la force ni les moyens de consoler cette pauvreté qui augmente et fait frémir, entends-tu ? malgré leurs vertus sublimes, car il y en a de sublimes dans ce peuple. » Et à Paris, en 1849 : « Tous les genres d’ouvriers sont bien à plaindre aussi ! Qui aura jamais poussé l’amour triste plus loin que moi pour eux ? Personne, si ce n’est notre adorable père et maman… Va ! j’ai vu ceux de Lyon, je vois ceux de Paris, et je pleure pour ceux du monde entier. » Humanitaire et chrétienne, elle a des alliances, toutes féminines, d’idées, de sentiments et de croyances, — alliances dont le secret semble perdu, et qu’elle seule pouvait oser, et qui paraîtraient aujourd’hui extravagantes, je ne sais pas pourquoi. Que dites-vous de cette phrase sur les émeutiers massacrés à Lyon : « Tomber ainsi en martyr, sous l’atroce barbarie des rois, c’est aller au ciel d’un seul bond, et ce qui nous reste à voir peut-être dans cette ville infortunée nous faisait par moments envier l’élite qui montait à Dieu » ? N’est-ce