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traduisent leur amour de Dieu, il n’aura pas à les torturer beaucoup pour leur faire exprimer l’adoration d’une femme. Insensiblement, il tourne ce jargon en caresse. Et, par cela seul qu’il applique à une passion profane le vocabulaire et les images de la « mystique » chrétienne, il se trouve presque composer, sans le savoir, une sorte d’élégie idéaliste aux airs déjà vaguement lamartiniens :

  Ses attraits réfléchis brillent dans vos pareilles…
  Il a sur votre face épanché des beautés
  Dont les yeux sont surpris et les cœurs transportés ;
  Et je n’ai pu vous voir, parfaite créature,
  Sans admirer en vous l’auteur de la nature,
  Et d’une ardente amour sentir mon cœur atteint,
  Au plus beau des portraits où lui-même il s’est peint.

Ainsi Lamartine :

  Beauté, secret d’en haut, rayon, divin emblème…
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Qui sait si tu n’es pas en effet quelque image
  De Dieu même, qui perce à travers ce nuage ?
  Ou si cette âme, à qui ce beau corps fut donné,
  Sur son type divin ne l’a pas façonné ?…..

Si bien que Tartuffe apporte un secours imprévu aux théories de M. Brunetière qui veut que la poésie lyrique de notre siècle ne soit que l’éloquence de la chaire transformée… En tout cas, il y a ici dans les discours de l’ardent gredin une grâce, équivoque sans doute, mais qui ne laisse pas d’être envelop-