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entrée. Son second geste, le mouchoir tendu à Dorine, me paraît très conforme au caractère qu’il a ou qu’il se donne, et au rôle qu’il joue dans la maison. Et même, si j’ose dire toute ma pensée, lorsque Dorine répond :

  Vous êtes donc bien tendre à la tentation,
  Et la chair sur vos sens fait grande impression ?

cela est sans doute fort plaisant ; mais enfin pourquoi Dorine, pourquoi les femmes montrent-elles leur sein nu, si ce n’est en effet pour « faire impression sur nos sens » ? Ou si ce n’est pas cela qu’elles veulent « en étalant leurs charmes », que diable veulent-elles donc ? Il se pourrait, ici, que la réplique de la servante ne fût pas non plus sans « tartufferie ». Car il n’est pas nécessaire d’être dévot pour être hypocrite. L’argument de Dorine, c’est l’argument commode qu’on a coutume d’opposer aux gens que scandalisent la lubricité d’un livre ou l’immodestie d’une œuvre d’art ; l’argument dont les chroniqueurs badins et les auteurs de revues accablent l’honorable M. Bérenger : « C’est vous qui êtes dégoûtant ; et ce que vous voyez là, c’est vous qui l’y mettez. » Les bons apôtres ! Vrai, j’aime mieux l’impureté franche et qui avoue.

Continuons. « Tartuffe, disais-je, est si obtus que, voulant se déclarer à une femme jeune, intelligente, nullement dévote, éminemment laïque, il y emploie