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  Mais mon secours pourra lui donner les moyens
  De sortir d’embarras et rentrer dans ses biens :
  Ce sont fiefs qu’à bon titre au pays on renomme ;
  Et, tel que l’on le voit, il est bien gentilhomme.

Souvenez-vous que Tartuffe, même au temps de sa détresse, a conservé un valet. Nous voyons un peu après, par les discours de Dorine, qu’il parle volontiers de son nom et de sa noblesse. Et cette noblesse, Dorine elle-même ne paraît pas la mettre en doute, lorsqu’elle dit à Marianne :

  Vous irez par le coche en sa petite ville…
  D’abord chez le beau monde on vous fera venir.
  Vous irez visiter, pour votre bienvenue,
  Madame la Baillive et Madame l’Élue
  Qui d’un siège pliant vous feront honorer…

Bref, c’est du hobereau peut-être autant que du saint homme que le bourgeois Orgon semble s’être entiché ; et cette croyance à la « qualité » de Tartuffe achève d’expliquer l’ascendant que Tartuffe a pris sur lui.

(Au surplus, des traits que nous jugeons grossiers et ridicules pouvaient fort bien toucher un bourgeois qui, sans doute, comme beaucoup de ses contemporains, lisait encore régulièrement la Vie des Saints. La puce de Tartuffe lui rappelait celle de saint Macaire : « Si comme Machaire eut tué une puce qui le poignait, il en issit moult de sang ; il se reprit qu’il avait vengé sa propre injure, et demeura