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LES DEUX TARTUFFE.


                                  6 Juillet 1896.

Presque tous nos meilleurs comédiens ont voulu s’essayer dans le rôle de Tartuffe, et il ne paraît pas qu’aucun d’eux y ait jamais remporté un entier succès. D’où vient cela ?

C’est peut-être que ce rôle n’est pas très bon. — Que le personnage soit antipathique, cela ne serait rien ; il pourrait être sauvé soit par beaucoup de comique, soit par un peu de terreur. Mais il est double. Il y a dans Tartuffe, et très distinctement, deux Tartuffe.

Tartuffe est, d’abord, une espèce d’épais et hideux bedeau. Il pète de santé ; il a le visage allumé et l’oreille rouge. C’est un goinfre. Il lui arrive de « roter » à table. (La délicatesse de nos Comédiens officiels a supprimé, je ne sais pourquoi, les vers où cette incongruité est rappelée.) Il est laid, d’aspect repoussant. Dorine y insiste : elle dit qu’il est difficile d’être fidèle à de certains maris « faits d’un