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vénération la sainteté de son esclave ; et, comme autrefois Blandine aidait Æmilia à sa toilette et lui parfumait ses cheveux, Æmilia à son tour servirait Blandine dans la prison, lui rendrait les offices qu’on se doit entre martyres, laverait ses plaies avec l’eau de la cruche et essayerait de démêler sa maigre chevelure raide de sang coagulé. Et ainsi Blandine deviendrait le centre du drame, ce qu’elle n’est pas dans la pièce de M. Barbier où l’intérêt, si je ne m’abuse, se disperse un peu, et où plusieurs des autres personnages, beaucoup moins singuliers et significatifs que Blandine, occupent une aussi grande place que l’humble et sublime servante.

Mais il est temps d’arriver à l’Incendie de Rome. Là aussi nous retrouvons d’abord les éléments habituels d’une tragédie chrétienne. Il y a une Leuconoé patricienne, amoureuse d’un esclave chrétien : c’est Marcia, femme du préfet de Rome. (Oh ! que voilà une aventure qui a dû être rare dans la réalité !) Il y a l’épicurien sceptique, et c’est Pétrone. Il y a le généreux esclave notre ancêtre, et c’est ici « Faustus, esclave germain », etc. Une déplorable « couleur locale » ne cesse d’égayer la pièce. Dès la première page, il est question de loirs assaisonnés de miel et de pavots, d’oeufs de paon de Samos, de gelinottes de Phrygie enveloppées dans des jaunes d’oeufs poivrés, etc. Sous prétexte qu’ils sont lointains, les personnages s’expriment avec une no-