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Mlle Desbordes ; mais ce n’étaient point ceux dont on les appelait ni qui leur servaient de signature. J’avais supposé bénévolement qu’un hasard ou le caprice d’une conversation tendre, les avait amenés à se révéler mutuellement la liste complète de leurs prénoms respectifs et qu’ils s’étaient réjouis entre eux d’une coïncidence dont les archives de l’état civil dérobaient le secret au public. Vaine hypothèse ! Car, dans la pièce où Mme Valmore nous dit que son nom était écrit dans le nom de son amant, je trouve ce vers :

 On ne peut m’appeler sans t’annoncer à moi.

Or, on ne l’appelait jamais que Marceline. Alors ?…

Et c’est pourquoi je suis tenté d’en revenir à ma première hypothèse et de troubler de nouveau les mânes paisibles de M. de Marcellus. Tout, ici, concorde assez bien avec le peu que nous savons de l’infidèle. L’âge d’abord : M. de Marcellus aurait eu trente-cinq ans quand il rencontra notre amie. Il devait venir au théâtre Feydeau ; il était « homme du monde » et il était « poète. » Ami de Chateaubriand, et auteur de Cantates sacrées, imbu, sans doute par snobisme, de ce christianisme vague que nous avons vu revenir à la mode ces années-ci, il devait donner aisément dans un pathos idéaliste, propre à séduire la sentimentale comédienne. Non, vraiment, rien ne s’oppose, que je sache, à ce que ce gentilhomme lettré ait été le Marcellus de Marceline.