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cette fière déclaration : « La genèse de ma Blandine est aussi douloureuse que celle de ma Jeanne d’Arc. L’avenir me réserve les mêmes revanches : j’ai foi. » Allons, tant mieux. Je crains cependant, si la pièce était jouée, qu’elle ne nous accablât par un excès d’horreur physique. Voici quelques-unes des indications de la mise en scène : « Au lever du rideau, Sextius est occupé avec les soldats à rassembler et à préparer des instruments de torture épars sur le sol, tenailles, lames, carcans, ceps, fouets, etc. » Plus loin : « Blandine, vivement éclairée, est attachée à une croix. Ponticus est étendu à ses pieds sur un chevalet, entouré de bourreaux armés de tenailles. Çà et là, dans l’arène, des cadavres. » À un endroit, le médecin Alexandre accourt « en levant des mains sanglantes » et en criant :

      Cher légat, le plus fort n’est pas maître
  De la douleur physique ; elle envahit tout l’être.
  Alors, pour asservir ces nerfs injurieux,
  Je me suis arraché les ongles… Trouve mieux !

Et ces vers sont immédiatement suivis de cette note :

 (Les hurlements recommencent dans la coulisse).

Une seconds difficulté, pour l’auteur, était dans le caractère étrangement et violemment exceptionnel des sentiments et de l’héroïsme de ses personnages. Ils ont soif de souffrir (n’oubliez pas de quelles souf-