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croire à l’honnêteté d’un gredin de lettres. Mais puisque le mal est fait, il n’est pas mauvais que la postérité connaisse aussi le nom de celui qui récompensa par le plus lâche des abandons l’amour le plus pur et le plus désintéressé.

« Vous avez été vous-même un peu dur et un peu ironique pour cette pauvre Marceline, mais… l’on ne saurait trop vous en vouloir, car vous avez dit ses vérités au Latouche sans le connaître. »

Ce n’est pas fini. Je disais, dans mon dernier feuilleton, que Marceline avait tu son secret à Valmore, n’ayant le courage ni de renoncer à la part de bonheur qu’elle pouvait encore attendre, ni de désespérer un brave garçon par l’inutile révélation d’une aventure dont les suites matérielles étaient totalement abolies. Or, M. Lacaussade a affirmé à M. Gaston Stiegler que Marceline « avait le coeur trop haut pour mentir à celui qui lui offrait son nom et pour ne pas lui avouer loyalement, avant de l’épouser, son passé et sa faiblesse. » Elle le fit, comme M. Lacaussade l’a su par M. Hippolyte Valmore ; et « c’est un beau trait de caractère, qui achève d’ennoblir une belle figure. » Soit ; mais, si Valmore savait tout, j’ai beaucoup de peine à m’expliquer les faux-fuyants par lesquels Marceline répondait à ses accès de jalousie. Elle n’avait qu’une chose à dire : « Je ne l’aime plus, et je le méprise. » Or, elle s’évertue dans ses réponses en explications détournées, et ne fait même jamais la moindre allu-