Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

la France même. Un des ouvrages qui, au XIIIe siècle, ont commencé notre jurisprudence, s’appelle : Établissements de France et d’Orléans.

Si votre esprit semble, à bien des égards, comme une moyenne délicate de l’esprit français, c’est peut-être que votre province est, historiquement, la province centrale par excellence. — Ici, plus aisément que partout ailleurs, on conçoit ce que signifiait déjà la Chanson de Roland quand elle parlait de « France la doulce ». Vous avez le plus délicieux des fleuves. La Loire est une femme : elle a la grâce — et de terribles caprices. La Loire est une reine : les rois l’ont aimée et l’ont coiffée d’une couronne de châteaux. Quand on embrasse, de quelque courbe de sa rive, la Loire étalée et bleue comme un lac, avec ses prairies, ses peupliers, ses îlots blonds, son ciel léger, la douceur épandue dans l’air, et, non loin, quelque château ciselé comme un bijou, qui nous rappelle la vieille France, ce qu’elle a été et ce qu’elle a fait dans le monde, l’impression est si charmante, si enveloppante, qu’on se sent tout envahi de tendresse pour cette terre maternelle, si belle sous la lumière et si imprégnée de souvenirs.

Vous avez la Loire, et vous avez Jeanne d’Arc. Elle est tellement à vous que je ne puis pas ne pas vous parler d’elle. Elle est à vous autant qu’elle est à Domrémy, autant qu’elle est à Reims, autant qu’elle est à Rouen. Car sa route glorieuse ou douloureuse, de Lorraine en Normandie, enveloppe